Cancers gynécologiques
Les cancers gynécologiques représentent une thématique très importante en termes de recherche pour l’APREC. Pourquoi ?
Le Centre Hospitalo-Universitaire de Tenon, au sein des Hôpitaux de l’Est Parisien (HUEP), comporte un centre labellisé «expert en cancérologie gynécologique», avec comme corollaire immédiat un recrutement de patientes parmi les plus importants de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP). La prise en charge de ces cancers requiert la présence simultanée d’équipes chirurgicales spécialisées, d’un service de réanimation chirurgicale performant (en raison des interventions chirurgicales souvent lourdes que nécessitent ces types de cancer) et d’équipes médicales en constante coopération (radiologistes, anatomo-pathologistes, radiothérapeutes et oncologues médicaux). Cette structure pluri-disciplinaire hautement spécialisée est à la fois la garantie pour les patientes de recevoir les meilleurs soins, et un lieu privilégié pour développer la recherche.
La recherche clinique que l’APREC conduit au sein de cette structure vise, à travers des « essais cliniques » de phase I, II, III, à confirmer l’efficacité de molécules nouvelles qui pourront ainsi obtenir une « AMM » (Autorisation de Mise sur le Marché) et dès lors bénéficier à tous. Mais auparavant, c’est aussi, pour les patientes qui participent à ces essais, la garantie d’un accès précoce à l’innovation thérapeutique.
La deuxième voie de recherche conduite par l’APREC est celle de la recherche dite « de transfert », qui tente de décrypter les mécanismes cellulaires et de biologie moléculaire des tumeurs. En effet, il existe à l’hôpital Tenon une tumorothèque où sont congelés et stockés les prélèvements réalisés sur les tumeurs de chacune des patientes prises en charge pour cancer gynécologique à l’hôpital Tenon. Ces prélèvements permettent des travaux de recherche sur le génome de chaque tumeur, dont les résultats sont corrélés à l’histoire clinique de la patiente. L’objectif est d’identifier les anomalies génomiques spécifiques de chaque tumeur, susceptibles de constituer autant de « cibles thérapeutiques » pour le développement de nouvelles molécules dites « intelligentes » ou « ciblées ».
C’est ainsi que, dans les cancers de l’ovaire, l’APREC s’est engagée dans plusieurs approches thérapeutiques innovantes :
- La première d’entre elles est d’assurer à travers des essais thérapeutiques le développement d’une classe thérapeutique majeure en cancérologie, celle des molécules ciblées appelées «antiangiogéniques». Ces molécules ont pour fonction de bloquer la vascularisation des tumeurs, qui est indispensable à leur croissance. Un certain nombre de molécules sont en développement clinique (pazopanib, nintedanib, cédiranib, trebananib) avec des résultats d’efficacité confirmés, et déjà pour l’une d’elles (bévacizumab) l’obtention d’une AMM.
- Une autre approche thérapeutique dans laquelle s’est engagée l’APREC est celle des thérapies immunitaires. En effet, le cancer de l’ovaire est une tumeur implantée au sein d’un hôte et qui donc interagit avec l’environnement et notamment le système immunitaire. Les cellules cancéreuses sont des cellules aberrantes qui a priori devraient être éliminées par l’organisme : mais elles réussissent à échapper aux défenses immunitaires par différents mécanismes. L’APREC s’est largement investie dans le développement de molécules qui renforcent l’immunité de l’organisme contre la tumeur, et d’importants travaux ont porté sur une molécule appelée lénalidomide. Ces travaux ont fait l’objet de présentations récentes dans les plus grands congrès de cancérologie tel que l’ASCO (American Society of Clinical Oncology).
- L’hôpital TENON est labellisé « Centre des femmes à risque génétique », et bon nombre des femmes qui y sont reçues présentent une mutation génétique BRCA1 ou BRCA2. Cette mutation expose à un risque accru de cancer du sein, mais aussi de cancer de l’ovaire (dix à quinze pour cent des cancers de l’ovaire sont en rapport avec cette prédisposition génétique). La mutation BRCA1 ou BRCA2 est responsable d’une défaillance dans les mécanismes de réparation de l’ADN, laquelle est responsable de la cancérisation de la cellule. Nous avons aujourd’hui trouvé le moyen d’« inverser » la défaillance de réparation de l’ADN et la faire se retourner tel un boomerang contre la cellule cancérisée elle-même. Pour cela, nous utilisons des molécules appelées «inhibiteurs de PARP (Poly-ADP Ribose Phosphate)». Elles constituent une classe thérapeutique des plus prometteuses, avec déjà des résultats d’efficacité spectaculaire dans les premières études dans lesquelles l’APREC s’est investie.
Ces quelques exemples illustrent le rôle essentiel de l’APREC dans la recherche en cancérologie et le combat mené contre le cancer.