Cancer du sein

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DR. JOSEPH GLIGOROV

Avec 1,7 million de nouveaux cas par an, le cancer du sein est le deuxième cancer le plus fréquent au monde, juste derrière le cancer du poumon. Et son incidence est en hausse constante, surtout dans les pays riches mais aussi dans les pays émergents.

En France, aujourd’hui, plus de 90% des patientes traitées pour un cancer du sein sont toujours en vie cinq ans après leur diagnostic, et la plupart d’entre elles seront définitivement guéries. Ces progrès sont à imputer au dépistage précoce, à l’amélioration de la qualité des soins, et aux avancées de la recherche.

Les patientes accueillies à l’hôpital TENON pour cancer du sein sont prises en charge dans un centre reconnu « expert » en maladies du sein, intégré lui-même dans un grand complexe hospitalo-universitaire (Institut Universitaire de Cancérologie de l’Université Paris VI). Les patientes sont assurées d’y bénéficier des outils diagnostiques et thérapeutiques les plus performants. Mais aussi, grâce à la recherche clinique et de transfert conduite sur le terrain sous l’égide de l’APREC, d’un accès précoce aux dernières innovations thérapeutiques, parfois plusieurs années avant leur mise à disposition sur le marché.

L’APREC a été un acteur décisif des progrès réalisés dans le cancer du sein à travers les nombreux programmes (plus de 50) conduits ces vingt-cinq dernières années. A titre d’illustration, nous rappellerons brièvement notre action dans trois domaines.

    1. Tout d’abord dans le domaine des cancers du sein dits « HER2 positifs », c’est-à-dire ceux qui sur-expriment un oncogène tumoral appelé oncogène HER2 ou c-cerb-B2. Cette situation concerne un cas de cancer du sein sur cinq environ. Nous avons assuré la coordination française d’un essai international et mis à disposition de nos patientes le premier traitement ciblant la protéine HER2 : le trastuzumab (Herceptin ®). Nous avons de nouveau assuré la coordination française puis la coordination mondiale de deux essais démontrant l’équivalence et la simplicité d’utilisation de ce traitement dans sa forme sous-cutanée. En parallèle, nous assurons également la coordination nationale d’un essai international visant à démontrer la supériorité de l’association de deux médicaments anti-HER2, le trastuzumab avec le lapatinib (Tyverb®). D’autres essais, actuellement en cours, explorent de nouveaux traitements anti-HER2 très importants comme le pertuzumab (Perjeta®), le T-DM1 (Kadcyla®) ou l’everolimus (Afinitor®).
    2. Un second axe de recherche concerne l’amélioration du contrôle de l’environnement tumoral et notamment de la vascularisation des cancers du sein. L’APREC a soutenu plusieurs programmes de recherche dans ce domaine dont deux récents et très prometteurs, pour lesquels nous attendons les résultats en 2014, et qui portent sur l’utilisation au long cours d’un « anti-angiogénique », le bevacizumab (Avastin ®). Nous assurons pour ces deux programmes la coordination internationale et nationale.
    3. Enfin un troisième domaine concerne les « stratégies de désescalade » des traitements. Le challenge est d’obtenir des résultats au moins aussi bons avec des traitements moins agressifs. L’APREC a soutenu et porté la seule évaluation médico-économique de l’utilisation d’un nouvel outil génomique (OncotypeDx™) permettant d’établir une échelle de gravité des cancers du sein non métastatiques et pour chaque échelon déterminer l’intérêt ou non d’une chimiothérapie préventive. Autre exemple : nous mettons au point des traceurs pour la technique de TEP-TDM, qui permettent de déterminer très précocement si une chimiothérapie qu’on a récemment initiée est efficace ou non : on évite ainsi à certaines patientes la poursuite d’un traitement inactif et néanmoins toxique alors qu’il faut classiquement attendre trois mois pour pouvoir évaluer l’action anti-tumorale d’une chimiothérapie.

La participation de l’APREC aux progrès des traitements du cancer du sein s’est traduite par plus d’une centaine de publications scientifiques

Interview du Dr Joseph GLIGOROV